Les pleurs d’un nouveau-né dans les bras d’un homme sous un parapluie noir alors que la pluie tombe. Des gens rassemblés autour d’un cercueil alors que ce même homme à la main d’un autre avec un blouson de cuir sur son épaule. Cet homme avec le bébé était mon père et le nourrisson hurlant c’était moi. Ma mère était morte en me donnant la vie. La femme de Jeffrey Nolan était morte alors qu’elle lui donnait un fils. Les choses s’étaient passé trop rapidement et les médecins n’avaient pas pus la sauver malgré leurs efforts. L’homme à côté de mon père avec sa main sur son épaule était Lewis Scott. Le président des Blue Marks, le chapter de Las Vegas. Ils étaient peu à l’époque, mais ils étaient unis.

Mon père était tombé amoureux d’une belle danseuse exotique australienne qui s’appelait Clarisse. Elle avait de long cheveux brun et un sourire magnifique. Je n’ai que deux photos de cette femme et je les garde précieusement chez moi dans un cadre magnifique.

J’ai donc grandi avec un moto sous les fesses et le cuir sur la peau. Je n’ai jamais rien connu d’autre. Mon père étant le seul à m’élever avec l’autre famille. Mon père était un petit homme qui grisonnait avant son temps. Moi, j’étais un petit garçon espiègle et qui n’était doué en rien sauf en mathématique et  en mécanique. J’avais un esprit cartésien développé pour mon âge. J’étais très calme et je préférais faire mes petites choses tranquilles avec les autres enfants  de mon entourage, c’est-à-dire ceux des membres des BM.

À l’adolescence, je voulais faire comme mon père. Je voulais faire partie du club , mais il me jugeait trop jeune encore. J’achetais ma première moto à seize ans et je le suivais dans les randonnées avec les autres. J’étais à mon aise dans ce milieu et c’était également à cet âge que je remarquais la drogue qui circulait, les filles et l’argent. Mon père était le trésorier de ce chapter. Il s’occupait des finances car ce n’était pas le genre d’homme à être sur le terrain. J’étais tout le contraire de lui du haut de mon 1m86 pour 80 kilos à 18 ans en terminant mes études. J’avais obtenu une bourse grâce à la boxe que je pratiquais et j’entrais à l’université de San Diego à ce moment-là. Je ne repartirai jamais de cette ville en fait.

Mon père décidait alors de suivre. Il avait besoin de cette ville pour reprendre un nouveau départ. Il entrait chez les Iron Brotherhood alors que j’étudiais. Il faut croire qu’il était dur de sortir de la criminalité. Évidemment, il ne fallut pas longtemps pour que je le suive. Il ne voulait pas que je le fasse, mais je voulais faire partie du club. Je voulais faire ma part et porter le cuir fièrement comme tous ces hommes.

J’ai commencé dans le bas de l’échelle comme tout un chacun. Je faisais ce qu’on me demandait sans me poser la moindre question. Les choses devenaient de plus en plus rude entre la police et le chapter mexicain. Je faisais mon travail. Je réussissais mes études malgré tout avec mention. C’était à ce demander ce qu’un type aussi baraqué que moi et fan d’entraînement physique, avait fait pour réussir de la sorte des études de niveau universitaire. Mon père commençait alors à m’apprendre les rouages de sa trésorerie. Des secrets bien gardés et des comptes méticuleux. Si quelque chose lui arrivait, je serais en mesure de savoir où était placé l’argent dans les moindres détails. C’était important. Je ne voulais pas que mes frères se retrouvent dans la merde. Chaque année, dans le désert, nous allions à des rencontres avec d’autres chapters. C’est à ce moment, que je faisais la connaissance de celui qui deviendrait mon meilleur ami et le chef des Irons : Crom Martigan.

La drogue, les filles et les armes continuaient leur vie. Mon père se faisait tirer dans un jambe en 2005 ce qui signait sa retraite. Il était incapable de conduire sa moto et n’arrivait plus à suivre. De graves problèmes cardiaques ont fait leurs apparitions par la suite. Il a subit un quadruple pontages et il est toujours vivant. On en tue pas un Nolan comme cela. Je prenais donc sa relève à la trésorerie et j’ouvrais mon premier centre d’entraînement. Les choses allaient rondement malgré la violence du quotidien. Je levais rarement le poing ou l’arme. J’avais appris à parfaitement gérer ma colère et j’étais la voix de la raison en quelque sorte pour les plus impulsifs du conseil. Je m’étais cependant formé une carapace avec les années. J’ai vu des frères mourir dans mes bras en se vidant de leur sang trop de fois sans aucun doute. J’avais donc pris la décision de ne pas m’attacher à une femme et je ne voulais pas d’enfants. Je resterai oncle Ned pour toujours et cela me va parfaitement.

Crom a rejoint le club il y a 9 ans. Nous nous sommes liés d’une amitié sincère. Je le considère comme un frère et il s’agit de mon meilleur ami. J’ai confiance en lui et ses capacités. Les choses allaient cependant déraillée en 2012. J’ai tué un officier de police qui avait tenté d’infiltrer nos rangs. Malheureusement pour moi, je fus arrêté et jeté en prison. Une femme avait vu ce que j’avais fait. J’étais hors de moi. Mes frères tentaient de me sortir de ce putain de trou à rat rempli de mexicain. Je croisais Emilio Jiménez le chef des Chicanos. Je le surveillais de loin en restant avec les américains. C’était comme cela en prison. Je perdais un peu plus de mon humanité chaque jour et Crom venait me voir chaque semaine en me spécifiant de ne pas faire de conneries. Je finirais pas sortir un jour.

Ce fameux jour arrivait en 2016. Je sortais de l’établissement carcérale et je montais dans le camion de Crom. Je restais silencieux durant le trajet alors qu’il me ramenait chez moi. Je voulais être seul. Je venais de passer quatre années en colocation. Je m’enfermais durant une bonne semaine avant de finalement me décider à enfourcher ma moto pour me rendre chez mon père. Il avait un ranch avec des chevaux et il vivait tranquille. J’entrais dans la grange sans lui dire bonjour dans la maison. Je retirais la housse de sa moto et je la regardais en touchant le banc avec du cuir usé. Elle en avait avalé des kilomètres cette belle créature. Là, il entrait dans la grange et s’approchait de moi.

«Je t’attendais plus tôt Ned.»

- J’avais besoin de prendre du recul.

«Tu as été voir tes frères?»

- Non … J’avais besoin de reprendre pieds avec la réalité.

«Alors fait ce que tu fais de mieux Fils. Roule, travaille et veille sur les autres.»

Il me tendait mon blouson. Je le prenais pour l’enfiler directement. J’avais été absent trop longtemps à mon goût. Il me lançait ensuite les clefs de sa moto. Cette bête était toute sa vie. Je l’avais bien fait rouler quelque fois, mais je savais que c’était mon héritage profond. J’enfourchais ma moto et je me rendais au Redwood pour profiter à nouveau de la vie pleinement. Les jours suivants furent flous, mais riche en alcool et en fille. Je reprenais ma place à la trésorerie pour régler la merde faite en mon absence. Mes finances se mirent à fleurir. Les centres de fitness étaient populaires. Nous avions de la chance. Des finances diversifiés éloignaient le fisc au maximum. Je m’achetais une grande maison moderne avec une piscine creusé et un garage.

La vie continue ainsi et ma fidélité envers les Irons est sans faille. J’ignore ce que l’avenir nous réserve, mais je suis prêt à intervenir en cas de besoin pour soutenir mes frères.