➤ Oceanside, Californie - Printemps 1990 C’est bizarre comme la vie peut être toute blanche ou toute noire… À croire que les nuances de gris n’existent pas vraiment… Comme ci, à la conception même d’un embryon, il y a une entité, quelque part, dans le cosmos pour dire : Toi tu vivras heureux. Toi… Huuum… Tu vas en chier comme jamais. C’est navrant mais c’est presque avec une incroyable évidence que tu feras partie de la seconde catégorie Ezeckiel. Issu d’un déni de grossesse, ta mère ne l’apprendra que quatre jours avant son accouchement. Malgré ses efforts, elle passera son temps à te rejeter. Le message est clair : elle ne parviendra pas a t’aimer. Si ton père ne parlera jamais de cette histoire, ta grand-mère quant à elle, ne se privera pas pour t’en faire par. Il faut qu’il sache !, qu’elle disait à ton père. Lui ne semblait pas du tout d’accord, peut-être parce qu’il eut toujours en travers de la gorge de rentrer un jour chez lui, trouver les placards vide et un bambin braillant sa faim au milieu de son berceau. Elle avait pris le large, ni plus ni moins et toi Ez’ tu ne sais même pas si tu dois lui en vouloir, elle n’était pas prête à t’avoir, trop jeune et trop friande de sa liberté. C’est un choix. Ton père t’aime et malgré son absence régulière, il ne manque jamais une occasion pour te le dire. T’es pas malheureux comme gosse Ez’, t’as ce qu’il faut pour t’épanouir et lorsque l’on voit ce sourire accroché à tes lèvres, personnes ne pourraient en dire le contraire. Alors, te laissant basculer en arrière pour tomber, allongé dans le sable blanc, tu comptes les secondes. Si ton père ne passe toujours que trop peu de temps avec toi, lui-même le reconnaissant, venir te chercher après l’école est un rituel qui ne changera jamais ! La plage pour point de rendez-vous, tu fermes les yeux en récitant un poème que la maitresse peina à vous faire apprendre. Une minute, dix, trente… Les sourcils qui se froncent pendant que tu te relèves, c’est rare quand il est autant en retard. Pas que tu t’impatientes Ez’ mais plutôt que tu t’inquiètes et ce, jusqu’à entendre le bruit des deux roues se garer en bordure, arrêtant le moteur sur les derniers bout d’asphalte. Ils sont cinq à s’approcher de toi et de ton côté ton attraction envers Iron est presque instinctive, tu les connais depuis … Ou plutôt ce sont eux qui te connaissent et ce, depuis ta naissance. « Ezeckiel … ? Viens, on te ramène chez toi… » La panique te fait les assommer de questions. Pourtant Ez’, au fond de toi, tu sais qu’il ne te sera plus donné de voir ton père autrement que dans quatre planches… C’est le risque que te disait ta grand-mère en vidant son corps de ses larmes… C’est le risque…

➤ San Diego, Californie - Hiver 1994 Le deuil de ton père, ce fut quelque chose que tu peinas beaucoup à faire. Il ne brillait peut-être pas par sa présence, mais en sept ans de vie que tu pus partager avec lui, tu te rendis compte qu’il t’avait donné suffisamment d’arme pour pouvoir relever la tête et continuer d’avancer. D’un caractère plutôt souple a l’origine, tu eus cette sensation, comme un besoin nécessaire de t’imposer aux autres et si cela fonctionnait plutôt bien avec ta grand-mère qui ne savait plus trop comment s’occuper de toi, faire tourner la tête des Irons parût bien plus compliqué voir même complètement impossible. Alors tu serres les dents Ez’ et si tu ne parviens pas toujours à retenir ta sale langue, tu sais aussi qu’aucun d’eux ne manquent une occasion pour te remettre immédiatement à ta place. Dans l’amusement, on te traite de chien fou, ça les fait rire et à toi, ça te fait perdre un peu tes moyens du haut de tes onze ans. Pour autant si ils te taquinent à l’image de frère que tu perçois en chacune de leur personne, ils ont malheureusement bien conscience de la tempête qui continue de faire rage au sein de ton esprit. Non, faire le deuil de ton père et encore vraiment compliqué pour toi Ezeckiel… Grattant le bois du bar du clubhouse dans un soupire, tu laisses tristement ton regard se perdre sur les veines et les nœuds de la matière avant que la régulière d’un des membres place son doigt sous ton menton. Il ne se passe rien, ou pas grand-chose, seulement un échange de regard et la sincérité d’un sourire tendre que tu ne vis plus si longtemps. Ton caractère un peu pourri, tu sais bien que personne n’en tient compte, mais la compassion, peut-être la cherchais-tu avec un peu plus de force que ce que l’on put te donner jusque-là. Une tape dans l’épaule ainsi qu’une accolade n’ont finalement jamais été suffisante pour t’aider à y voir plus clair. Et c’est là Ezeckiel, ton menton déposait contre le bout de son index que tu te mis à pleurer tout ce que tu t’évertuais à toujours conserver. Depuis quatre ans, tu le savais pourtant qu’il ne reviendrait jamais plus, mais la colère et le refus de sa disparition, mais le fait de ne pas lui avoir fait entendre une dernière fois combien tu l’aimais fort, fort, fort, garder l’ignorance sur les raisons de sa mort que l’on ne voulu jamais te dire, … Et tant de chose encore qui ont fait que tu eus l’impression d’avoir à porter seul, un triste monde qu’aucun enfant ne devrait avoir sur son faible corps. Ca ne sera que quatre ans plus tard que le désespoir décidera de se défaire de toi pour te laisser accepter ce que tu aurais dû faire depuis longtemps : son départ.

➤ San Diego, Californie - Été 1998 Tu ris Ez’, à gorge déployée et tu la regardes sans savoir quoi dire sur son commentaire. À vrai dire, ce n’est pas tant par son anecdote que tu es captivé, mais plutôt par sa voix, par son regard et son tempérament. Alors presque un peu démuni par ce que tu ressens, tu recherches du réconfort auprès de Johnny, qu’il te donne la force de bien paraitre et de faire cesser cet état un peu béta que tu as quand elle fait un peu trop chavirer ton cœur. Tu passes une main dans tes cheveux et est obligé de quitter leur regard à tous les deux en te retournant dans la cour de l’établissement pour reprendre de la contenance. Ce n’est pas la première fois qu’une fille t’attire, mais … c’est n’est pas comme elle et ce sentiment de bienêtre qu’elle te procure dès lors que tu la vois au petit matin est tellement envoutant tout comme cette chaleur douce que tu supportes sans mal même au cœur des étés les plus chauds ou des hivers plus glacials encore que la couleur de tes yeux. Ellen, elle n’est pas seulement une princesse pour toi : c’est une Reine que tu vois en Elle. On se moque gentiment de toi, ta grand-mère arrivant même à te dire que tu es mignon lorsque tu lui parles d’elle le soir. Toi. Mignon. Tu lèves les yeux au ciel et plus encore lorsqu’elle te dit que les amours de jeunesses sont les plus merveilleux mais pas particulièrement les plus sincères. N’importe quoi ! Tu serres les dents, la rage au ventre et le feu dans les yeux. Pourquoi … ? Pourquoi ça ne serait pas possible d’aimer profondément ? Tout ça parce qu’il n’y a que les adultes qui peuvent aimer réellement ? Ainsi, il serait donc possible de mourir à tout âge mais pas d’aimer. Non, cela nécessiterait apparemment d’avoir assez vécu pour savoir ce qu’est vraiment l’Amour. C’est d’une stupidité innommable pour toi parce que tu connais le bruit fracassant que fait ton cœur lorsqu’il se sent proche du sien et l’espoir fou que ce que tu lis au travers de son regard ne soit pas qu’une utopie. Tu n’es pas qu’un gamin amoureux Ezeckiel, tu le sens toi que c’est ton âme tout entière qui vibre pour elle, que les jours sont toujours bien plus incroyables lorsqu’elle est là, que tes libertés trouvent un véritable sens lorsqu’elle se tient à tes côtés. Ellen, elle n’est pas comme les précédentes pour toi, elle n’est à inscrire sur aucun tableau de chasse comme tu eus déjà à le faire. Non, elle, elle est simplement le beau des diamants à polir et à entretenir. Il n’y a qu’ainsi qu’elle doit être traité, ainsi et la laisser s’épanouir à l’éclat de toutes ces émotions qui te gouvernent. Alors le jour où de tous ces sous-entendus vous vous acceptez de ne vous évadez plus qu’à deux, tu sauras reconnaitre qu’elle sera toujours ta première fois dans tout ce que ton corps et ton essence ressent de plus honnête à offrir à une femme.

➤ San Diego, Californie - Printemps 1999 Silence radio. Tu as beau lui envoyer des messages sur son téléphone portable, rien ne fait Ellen joue la morte. Tu t’inquiètes, beaucoup, peut être même un peu trop… C’est à l’image d’un lion en cage que tu tournes et retournes dans la maison familiale. « Cesse peu et va chez elle ! Ça fait déjà trois jours que tu es comme ça, tu commences à m’en donner le tournis ! » Tu t’arrêtes sur place et glisse un regard incertain à ta grand-mère, un ongle coincé entre tes dents en signe de ta nervosité que tu n’arrives plus à contenir depuis longtemps. Ce n’est pas son genre à Ellen de se taire ainsi, pas avec toi, enfin tu crois, tu espères… Et c’est certainement parce que tu redoutes le pire que tu n’as pas encore osé aller la trouver à son adresse. Pour autant, c’est avec l’encouragement de ton ainée que tu fermes la porte dans ton dos et essaies de réfléchir à une faute que tu aurais pu commettre qui pourrait être la raison de sa disparition. Rétrospective de la soirée de lundi, dernière fois ou tu la vois. Rien de bien particulier, vous avez trainé au clubhouse, avez bu plus que vous n’avez fumé, tu as repoussé un peu violemment des mains qui voulaient la toucher -elles n’y reviendraient plus jamais, foi de Ez’ !- et c’est chez toi que vous avez finit par rentrer pour terminer la nuit malgré la présence de ton aïeul -l’absence des sonotones la nuit est une cruel avantage…-. C’est avec un coup de file pour Johnny que tu cherches à trouver des nouvelles de Ellen, en vain. Tu sais parfaitement que, de toute manière, si il en avait eu, il ne t’aurait pas laissé sans savoir. Ce mec, il est plus qu’un ami pour toi, c’est tout bonnement le frère que tu n’eus jamais et tu sais que vos chemins ne cesseront jamais de s’unir aux vues de l’avenir que vous vous dessinez ensemble. Cette famille que vos parents avaient choisie est déjà la vôtre, ou en tout cas la tienne sans le moindre doute ! Les intégrer est la suite logique qui se trame dans ta vie. Enfin qu’importe pour le moment, parce que ton seul désir pour le moment c’est au moins de t’assurer que tout va bien pour celle qui se transforme de plus en plus en femme au cours des jours. Cependant, à toquer contre la porte d’entrée, c’est par son père que tu te feras recevoir.
L’homme, il est animé par tant de colère que tu as l’impression que si une force obscure ne l’en empêchait pas, il repeindrait les murs de sa maison à la seule couleur de ton sang. Il vocifère, te bouscule pour que tu t’éloignes de lui et surtout de sa fille, il t’affirme qu’elle a réalisé qu’elle ne voulait plus rien avoir à faire avec toi, qu’elle avait ouvert les yeux et qu’elle s’était rendue compte que la seule chose que tu étais bon à lui apporter, ce n’était rien d’autre que de la dépravation. Mensonge. La douche est glaciale, plus encore lorsque tu demandes à vouloir la voir et qu’il te répond que même entre quatre planches elle ne voudrait pas t’avoir en face. Mensonge. Et t’arrives pas a la comprendre cette haine soudaine Ez’, comment le changement peut-il être aussi brutal sans qu’elle ne t’aie donné le moindre signe avant-coureur de ce qu’elle allait te faire traverser. Les doigts déposés contre ton propre visage, le regard sur le paternel furibond et le crâne qui se secoue de droite à gauche d’incompréhension. Tu as bien de la difficulté à retenir une larme alors que tu lui dis que tu rapporteras ses affaires en réponse à sa demande de respecter le souhait de sa fille et de ne plus jamais essayer de la contacter. Mensonge. Tu respecteras ton engagement Ezeckiel car si c’est ce qu’elle pourrait souhaiter Elle, alors tu sais tes sentiments suffisamment puissants pour la laisser t’abandonner si là est son désir. Si seulement tu t’étais douté une seule seconde de la machination Ez’, tu aurais retourné la terre pour pouvoir la voir te sourire une nouvelle fois… Si seulement …

➤ San Franscisco, Californie - Été 2005 Se vider l’esprit, ne plus penser à ce qui semble rester à tout jamais sans réponse. Effectivement, tu n’auras plus un signe de vie de Ellen, comme si tu n’étais jamais passé dans sa vie alors qu’elle a laissé une trace indélébile sur la tienne. Et les années ont beaux passées, tu enrages de ne pas parvenir à l’oublier. Ellen, elle n’a pas seulement le gout d’un amour avorté mais elle a aussi cette saveur âpre d’une colère nourrit par la rancune. Parce que tu lui en veux, c’est indéniable. T’as cette impression blessante de t’être laissé prendre dans ses filets afin qu’elle puisse mieux faucher ta vie. Espoirs meurtris et émotions qu’Elle a pendues sans un regard en arrière, tu chercheras à assouplir le chaos de tes sentiments en n’en prêtant plus à quiconque étant du sexe féminin et en t’enfermant dans ces études que tu parcours afin de devenir ingénieur avec une spécialisation en chimie. Le seul avantage que tu trouvas à ta séparation précipitée avec Ellen, c’est que tu refuseras de porter la moindre énergie, autre que sexuelle, à une femme. Finalement ce fut les autres qui avait raison, un amour juvénile ne vaut rien… Penché au dessus de tes notes de révisions, c’est pourtant encore son prénom à Elle que tu grattes de la pointe de ton stylo six ans après tout ça, cela jusqu’au moment où tu t'en rends compte pour finalement le raturer avec une haine semblable à celle de son père qui marqua ton esprit. Tu comprends mieux pourquoi le Club doit passer avant les femmes, c’est une putain de source d’emmerde qui empoisonne l’existence même lorsqu’elles disparaissent. La mâchoire qui se verrouille, tu fermes le bouquin de tes révisions pour quitter la résidence universitaire. Verrouillant la porte de la maison, tu enfourches ta moto pour prendre la direction d’un laboratoire avec lequel tu travaillais malgré l’absence de diplôme pour le moment. Et a raison, vu qu’il est clandestin. À défaut de pouvoir te payer tes études légalement, c’est illégalement que tu fis grossir ton portefeuille. Tu n’es pas le plus productif Ez’, tu le sais bien, cependant ton mérite à toi se trouve dans la qualité de ce que tu produis, et cela c’est indéniable pour les laborantins. Tout créer à partir de rien et à partir de ce qui est à la portée de tous est un défi qui t’anime avec plus de vigueur que tu ne l’aurais cru. C’est ainsi que tu appris à créer de l’ecstasy à partir de poivre noir et ça… : c’est jouissif ! Quoi qu’il en soit, tu sais qu’il ne te reste plus qu’une année à passer ici avant de pouvoir rejoindre San Diego, Johnny et le club ! Tu lui avais promis, tu ne ferais pas une demande d’adhésion tant qu’il ne pourra pas le faire lui aussi à son tour. Alors oui, plus qu’une année d’étude et plus qu’une année à attendre avant de pouvoir enfin enfiler le cuir.

➤ San Diego, Californie - Printemps 2006 T’as les yeux qui brillent à sa simple vue. T’y crois à peine Ezeckiel, toi qui a attendu ce moment depuis tellement de temps. Prospect. Ton père était encore certainement en vie que tu lui disais que tu l’accompagnerais dans ses runs avec le Club, que toi aussi tu aurais l’écusson et que tu ferais les choses aussi bien que lui. En y réfléchissant maintenant, tu penses comprendre son rictus alors qu’il te disait que tu serais mieux que lui. Toi, tu n’en sais rien, tu en doutes même certainement mais un regard en direction du ciel comme si tu avais besoin de croire qu’il te regardait, te fait croire qu’il est fier de toi. De ton côté Ez’, fier tu l’es sans le moindre doute et un coup d’œil complice à Johnny pour ce retour en fanfare depuis la fin de tes études. Cette fois ci, en enfilant ce cuir, tu sais que tu resteras ici, chez toi, dans ta véritable maison, et ce, jusqu’à ce que la mort te fauche. Ton premier geste, il sera pour ton meilleur amie alors que tu le prends dans tes bras. Tu te rappelles ces nuits ou vous vous projetiez dans un futur dont vous étiez certains d’une chose : c’est que vous seriez toujours ensemble et que vous seriez des Brotherhood. Envers et contre tout, vous obtiendriez tout ce dont vous rêviez et toi Ezeckiel, tu as presque réussi. Presque… Parce que si tu n’y penses pas pour le moment, tu sais que cela te reviendra comme un uppercut en plein dans la mâchoire : il y a un point noir dans ta vie ou tu as complètement échoué et tu l’as encore sacrément en travers de la gorge… Mais ce n’est pas le moment d’y réfléchir, c’est certainement pour cela que ton cerveau fait automatiquement l’impasse sur cette personne au point d’accepter d’en oublier son nom pour les heures qui vont suivre. Oui, ce soir tu boiras tellement que l’on se demandera comment cela se fait que tu ne sombras pas dans un coma éthylique. Ce soir tu fumeras tellement que tu ne réaliseras pas complètement que tu te laisseras réchauffer par deux femmes sans te soucier de la question de l’intimité. Ce qui te rassura un peu à ton réveil, c’est que malgré un mal de crâne à ne plus pouvoir tenir debout, tu constateras que tu n’es pas le seul à avoir égaré tes vêtements en plein milieu des autres durant la nuit. Une main qui passe contre ton front, tu te demandes si c’est parce que tu vois double ou non, mais en rentrant dans une chambre, c’est ton meilleur ami que tu retrouveras avec tellement de cuisses enchevêtrées les unes aux autres que tu croirais qu’il s’est entouré de tu ne sais combien de femmes. Et honnêtement, tes maux de crâne sont bien trop fort pour que tu ne veuilles vraiment compter. Ce mec est un don juan, il est incroyable, c’est ta star. Resserrant la ceinture de ton pantalon, tu te rapproche du bar. « Un café s’il te plait. » Oui, un café ça peut être très bien pour tenter de rétablir ton corps à ce que tu lui as fait vivre ces dernières heures.

➤ San Diego, Californie - Automne 2010 Quatre ans qu’il couvre ton dos. Trois ans que tu portes un blason plus honorable que celui tu cousus à ton entrée dans le club. Deux roues à l’arrêt, corps allongé sur la bécane, ce sont les pieds sur le guidon que tu attends le coup de file qui donnera le feu vert à ta nouvelle excursion. Cigarette coincée entre l’index et le pouce de ta main droite, c’est avec la gauche que tu dénoues un peu le kéfié gris et noir que tu portes autour du cou. Une belle journée en théorie si on oublie le fait que tu puisses être en service parce que les rumeurs concernant un nouveau regroupement criminel étant là pour faire passer la frontière à des toutes sortes d’armes diverses et variées. Les bruits de couloir racontent que ces hommes, en provenance direct d’une ville voisine à la frontière mexicaine ont des eusses et coutumes que ton Président ne pourrait être en mesures d’accepter. Il faut dire que le taux de criminalité à San Diego est déjà assez conséquent, inutile de venir rajouter à cela des … fauteurs de troubles qui voit en votre territoire un vaste terrain de jeu. Main qui glisse dans la poche du jean noir que tu portes en sentant le téléphone vibrer à plusieurs reprises avant que tu ne le ramènes à ton oreille. Sans dire un mot tu écoutes le message que l’on te transmet pour finalement raccrocher. Ils ont passé National City et roulent sur l’Highland avenue en direction de votre ville. Vous êtes plusieurs à couvrir les limites de vos terres avec pour seule recommandation : chasser les rats qu’importe ma manière dont cela doit être fait. Alors aux vues de ce que tu entendues concernant les Vagos, tu sais que leur sang viendra s’imprimer sur tes poings. Mais pour tout dire, ça ne sera pas la première fois que tu te salies les mains pour le club, tuer pour les besoins des Irons ne parait plus trop te poser de problème, enfin de ce que tu laisses voir en tout les cas… Quoi qu’il en soit, aujourd’hui ça sera de leur hémoglobine dont tu te maquilleras et t’asseyant enfin sur la moto c’est dans un soupire que tu la vois avancer vers toi au loin. Quelle plaie cette gonzesse… Tu as perdue de vue sa sœur mais alors elle, elle reste diablement bien collée à tes baskets ! Elle n’aurait pas envie d’aller faire un tour, genre très loin d’ici ? Comme suivre les traces de sa sœur et qu’on te foute enfin la paix avec les Jenkins ? « AUSTIN ! Stationnement interdit, j’te colle une contravention ! » T’as pas le temps pour ça Ez’, un véritable cancer : teigneux au possible et quoi que l’on fasse, on n’arrive jamais à s’en débarrasser. Dans le fond, tu comprends qu’elle puisse t’en vouloir, enfin tu penses, mais qu’elle se rassure, elle n’est pas la seule à être en colère de ce que vous avez vécu car a l’heure actuelle, tu te serais bien passé de cette pseudo idylle avec sa frangine quand tu vois à quel point tu en es marqué. Sourire presque moqueur et acerbe sur le visage tu te retiens de lui demander si son paternel est encore vivant. Parasite lui aussi, famille du Diable. Tu ne lui adresseras pas un mot, t’as pas vraiment envie d’échanger avec elle, alors attrapant son bout de papier, tu l’enfonces dans ta poche pour t’en aller et oubliera probablement de le payer…

➤ San Diego, Californie - Hiver 2012 Il a de la bouteille ce nouveau qui a vingt bonnes années de plus que toi. On te raconte qu’il provient d’un autre Chapter. Arizona ou quelque chose du genre. T’aimes bien sa gueule, tu penses que tu pourras bien t’entendre avec lui. En tout cas, là ou ton Président à toute les peines du monde à expulsé ce fichu motor club en provenance du Mexique, lui arrive avec des idées nouvelles qui te plaisent et il est hors de question que tu ne participes pas au redressement des Iron. Récupérer ce qui vous revient de droit, rétablir l’ordre des choses, si c’est ce Crom qui en a les épaules et que le Président lui laisse les rênes de l’opération, alors tu le suivras aveuglément, comme un frère. Si ton esprit analytique fut mis a disposition du club, c’est aussi ta combativité que l’on réclamera. Tu leur donnas tout, absolument tout de toi et dont ils pourraient avoir besoin. Amour inconditionnel pour ta famille, tu ne reculeras jamais devant les problèmes du Club Ezeckiel, qu’importe ce que cela pourra t’en coûter. Et ce jour-là, c’est au prix d’une balle dans l’épaule que tu justifieras une fois de plus de ta loyauté envers les Iron avant de le voir lui, au sol, oncle de substitution gisant sur l’asphalte, partie retrouver ton père, son vieil ami. C’est une sorte de nouvelle figure paternel à qui tu dois dire adieu Ez’. Ça t’ébranle, tu regrettes de ne pas d’être écouté quand tu le perçus seul, pris en tenaille. Son regard quand il croisa le tien, tu le compris comme un, ne t’inquiète pas fils, tout ira bien sans comprendre qu’il faisait déjà là allusion à son départ de cette Terre… Plusieurs jours de convalescence, tant moral après ce décès que physique, ça ne sera pourtant pas que de cela dont tu te souviendras mais aussi de la victoire que tu hurlas avec eux, un bras ballant que tu ne peux plus lever à cause de la plaie. Cette action de Crom, l’entreprise d’avoir quelque part sauvé votre Chapter -en tout cas toi, c’est ainsi que tu le perçois même si vous étiez plusieurs ce jour là-, tu lui en seras reconnaissant et ce fut une évidence pour toi d’accepter sa nouvelle prise au poste de Président. C’est étrange pourtant, il n’est pas là depuis si longtemps mais tu ne saurais expliquer cette confiance que tu as en lui… Tu le sais Ezeckiel, c’est un nouveau chapitre qui est en train de s’écrire maintenant dans ta vie et la tournure que prennent les choses, même si tu sais que ça ne sera pas toujours une partie de plaisir, tu y avances les yeux fermés. La raison qui s’abandonne complètement aux actes du club et le cœur qui ne s’en retrouve que plus léger.

➤ San Diego, Californie - Hiver 2020 L’attention focalisée sur la route qui défile devant toi, c’est en te perdant un peu dans tes pensées que tu commences déjà à te distraire de tout ce que tu devrais pourtant faire attention. Mais ce n’est pas ça qui manquera de ta causer un accident Ez’. Non, c’est plutôt la découverte de cette femme que tu pourrais reconnaitre les yeux bandés au millier de tant d’autres. Le crâne qui se tourne en direction de la silhouette féminine qui marche à proximité du Scripps Mercy, c’est chaque millième de seconde à passer là à la regarder que ton cerveau enregistrera d’elle. Et ça te fait mal Ezeckiel… Tu le sens au fond de tes tripes que malgré les vingt-deux ans qui ont passé, tu n’es fut jamais capable de tirer un trait, tant sur le vécu que sur la personne… Une voiture qui insiste sur son klaxonne te fera décoller la rétine sur cette femme que tu ne croyais plus jamais être amené à voir. Coup de volant fait de justesse pour te sauver la vie et tu accélères pour faire demi-tour dans la première rue parallèle que tu croiseras afin de rebrousser chemin. Ce n’est qu’a quelque dizaine de mètres que tu te gares pour la regarder… Main qui glisse dans ta barbe, tu ne feras pas un pas pour aller la voir, pas après la manière dont elle t’a sortie de ta vie… Pourtant t’as bien envie de venir la faire monter sur ta moto et la sortir de la ville, et de la faire sortir de ta vie. Mais tu resteras sans rien faire, rongeant tes vieux démons sans vraiment réaliser à quel point son retour pourrait venir faire basculer ta vie. Dans le fond Ez’, as-tu seulement envie d’entendre ses explications ? Si tant est qu’elle souhaite t’en donner …  Tu ne lui apportes que de la dépravation. Yeux bleus que tu viens porter sur tes propres mains qui ne sont pas si blanches qu’elles ne peuvent y paraitre, c’est en étouffant un rire jaune que tu fais vrombir le moteur de ta Harley Cruisers avant de quitter les lieux. Mais tout tournera dans ta tête Ezeckiel, et Elle surtout, image imprimée qui ne saurait s’en aller jusqu’au souvenir intacte des vêtements qu’elle porta ce jour où tu la revis. Quelques jours, c’est ce qui te faudra pour encaisser la nouvelle et en informer Johnny… C’était nécessaire pour toi de pouvoir te confier à la seule qui savait combien tu avais pu mordre la poussière par cette histoire. Retrouver ainsi la Reine de ton enfance qui avait pour toi à présent bien plus l’allure d’un despote, tu ne l’aurais jamais voulu… Cependant, tu en passeras des jours à désirer la revoir, sourire aux expressions de son visage que tu perçois difficilement, attendrissement nouveau à ces défauts qui t’ont toujours charmé. Pour autant tu ne te montreras jamais Ez’, jamais jusqu’à ce que le père de Johnny se blessa tant et si bien que sans trop y réfléchir, c’est chez elle que tu ramenas les Irons pour lui réclamer de l’aide afin de le sauver. Si tu laissais les quatre hommes avec elle, toi tu ne resterais pas Ezeckiel, partira aussi vite que tu vins toquer à sa porte pour partir te terrer une nouvelle fois là ou elle n’avait pas envie d’être dans le passé, là ou tu n’as pas envie qu’elle puisse se laisser embourber …

➤ San Diego, Californie - Printemps 2021 Non mais c’est une blague ?! Comment il peut se permettre d’agir ainsi alors qu’il connait les détails des difficultés qui oppressent ton existence à cause d’elle ! Et lui, il s’en lave si facilement les mains ? Tu as l’impression de rêver et si tu n’avais rien vu encore de tes propres yeux, les choses que tu pus entendre des bouches des uns et des autres étaient en train de te rendre complètement fou Ez’. Alors c’est dans les sports de combats que tu tentes de te décharger pour éviter d’aller exploser les gencives de ton frère parce que ta jalousie ne tolère pas qu’il puisse être autant indifférent à toi et aussi égoïste en ne pensant qu’à sa tronche. Tu as pourtant toujours été là pour lui Ez’, jusqu’à chercher à devenir ce soutien inébranlable lorsqu’il perdit son frère quatre ans plus tôt. Alors pourquoi il te fait ça ? Pourquoi comme ça ? Sous prétexte que c’est par la haine que circulent tes sentiments à l’égard de la femme ? Tu ne comprends pas et tu te mords les doigts de lui avoir fait par de son retour mais aussi de l’avoir conduit chez elle plutôt que chez n’importe quel autre médecin qui pourrait être à même de travailler avec le Club. Ça te met en colère, tu n’as plus vraiment les idées claires et cela se ressent malheureusement dans tes interventions auprès des Iron et des sorties que tu peux faire sous leur blason. Si tu tentes de te saisir à nouveau, tu sais aussi que tu eus toujours beaucoup de difficulté à rester serein lorsqu’il était question de Ellen et de tous les souvenirs qui s’accompagnaient d’elle. Alors tu décides de prendre un peu de distance avec Johnny pour ne pas sentir la rage venir te dérober le peu de contenance qu’il te reste. Alors tu décides de respecter toujours ton engagement fait auprès du père de la femme et en veut plus encore a ton ami lorsque tu vois qu’il passe au-dessus des souhaits qu’elle pu avoir en allant au-devant de tout ce que votre histoire a pu laisser comme éclat. T’as été malheureux il y a de ça plus de vingt ans Ez’ et tu ne pensais pas un jour avoir à ressentir une douleur encore plus vivace que ce que l’on t’obligea à surmonter. Mais après tout Ezeckiel, qui te dit que ces émotions qui se noue irrémédiablement à Ellen ne sont pas qu’un nouvel échange qui est à sens unique. C’est vrai, elle savait à l’époque ce que trainer avec vous pouvez signifier, elle en a certainement encore plus conscience à présent qu’elle est adulte alors si son plaisir c’est de faire les yeux de biche à Johnny dès qu’il lui fait le moindre compliment comme il ferait à n’importe quelle femme, alors grand bien lui fasse. Finalement toi aussi tu devrais aller nettoyer au karcher tout ce qui te ramène à elle et parvenir à tirer un trait définitif sur ce que vous représentiez. Certainement rien a la manière dont elle est partie…