Un soleil couchant, la plage de Cancún au Mexique, un feu de joie, de l’alcool et des centaines de mecs canons. Le décor était planté pour une soirée mémorable. Une semaine avant de commencer les cours, Kira avait bien l'intention de profiter de ce dernier week-end, anormalement chaud, pour s'éclater. Elle ne s'y était pas rendue seule, mais avec des amies de sa promotion, des filles avec qui elle avait sympathisé lors de sa première année à la fac de droit. Parmi toutes les opportunités qui s'étaient présentées à elle, c'est ce qu'elle avait décidé de faire de sa vie. C'était ce que son oncle Harper souhaitait, la tenir écartée des affaires de famille, alors qu'elle aurait pu y contribuer. C'était pas juste, d'être mise en retrait, comme si elle était encore une enfant. Malgré ses apparences, elle ne se voyait pas comme la petite fille fragile et innocence qu'on voyait en elle, avec ses traits doux et candides. Elle était une jeune femme et elle savait ce qu'elle voulait obtenir de la vie. Elle avait des modèles et son ambition était de ressembler à ces modèles pour s'intégrer.

Ce jour-là, le groupe s'était stationné plusieurs kilomètres plus loin de la plage, sur un parking bondé de voitures. Elle avait fait le reste du chemin à pied, en compagnie des filles de son groupe, jusqu'à fouler le sable chaud de la plage envahie par des étudiants et des étudiantes de tout le continent. L'idée était venue d'une des filles, une manière de sceller leur amitié en se déridant, en laissant de côté tout ce qui les freinait, les études, les petits copains encombrants, la famille. Et en même temps, vous rencontriez de nouvelles personnes, toutes sortes de gens, de tous âges, de différentes nationalités. Elle était célibataire, alors tout lui était permis. N'importe quelle folie possible et imaginable. C'est donc sur cette plage paradisiaque que les jeunes femmes allaient clôturer leur Sumer-break. Des dizaines de bars improvisés s’étaient installés sur le sable. Des centaines d’adolescents réunis pour faire la fête, dansaient sur de la musique inconnue mais rythmée.

- Viens, on va chercher des bières, proposa Tess, une de ses camarades, en lui tapant sur le bras.

- Si tu me prends par les sentiments...

Elles s’avancèrent jusqu’à l'un des bars de fortune et prirent chacun un gobelet. Ce soir, elles allaient pouvoir se lâcher avant de plonger dans une nouvelle année faste, ponctuée de hauts et de bas.

La fête battait son plein. Une bonne partie des fêtards était déjà bien éméchée, elle aussi commençait à sentir les premiers effets de la boisson coulant dans ses veines. Elle regardait une fille du groupe dansé collé serré avec un garçon à la peau très bronzée. Deux autres filles étaient parties se baigner. De l'autre côté du feu, un jeune homme aux cheveux noirs attirait son attention. Il fixait la brunette, habillée d'un mini short en jean et d'un débardeur noir. D'une élégance naturelle, elle le regarda, lui. Il était plutôt grand, musclé, sans doute par le sport. Elle l'imaginait bien jouer au football dans une équipe d'université. Il devait attirer bien des filles, avec son air et son sourire craquant qui venait d'apparaître au coin des lèvres. Elle leva son verre comme pour trinquer de moins avec l'inconnu.  

La nuit était tombée et la demoiselle n’était éclairée que par le feu près d’elle. Cette lumière rougeoyante et dansante apportait une chaleur étonnante au tableau. Le jeune homme ne la quittait plus des yeux, comme si tout s'était arrêté autour d'eux. Le voir ainsi provoqua un sourire amusé sur ses fines lippes. Le garçon fut interrompu par un de ses potes qui cherchait à capter son attention, mais la brunette compris qu'elle était devenu son centre de gravité et avait décidé d'en jouer. Après tout, elle n'avait rien à perdre ce soir. Elle commença à s'éloigner de la foule, l'invitant silencieusement à la suivre. Elle marchait plusieurs mètres devant lui, pieds nus, ses chaussures à la main. La démarche chaloupée, elle sentait presque son regard sur ses fesses. Faut dire qu'elle en jouait un peu, comme sa tante lui avait appris. C'était son arme et elle devait bien apprendre à s'en servir.  

Ils étaient loin de la foule quand elle s’arrêta puis se retourna vers lui. En quelques enjambées, il arriva jusqu’à elle.

- Salut.

- Salut, répondit-elle.

Seule la lumière de la lune les éclairait à présent mais le sourire de la brune était plus éclatant que jamais. Pendant plusieurs secondes, aucun mot ne sortait de ses lèvres. Le garçon en face d'elle était tout aussi silencieux. Cela la fit rire, laissant échapper un rire cristallin d'entre ses lèvres. Elle le regardait fixement, l’air amusé.

- Tu n’es pas très bavard. Ca tombe bien, je n’ai pas très envie de parler, dit-elle en s’approchant dangereusement du jeune homme.

Elle s’arrêta à quelques centimètres de lui, posa ses deux mains sur son torse. Il baissa la tête vers son visage. Elle planta son regard dans le sien, se mit sur la pointe des pieds et posa ses lèvres chaudes sur les siennes. Elle ne connaissait pas son nom, et en ce moment, ça n'avait plus aucune importance. Plus rien n'en avait. Elle voulait profiter, ne pas penser. Elle se sentait bien avec ce garçon. Il dégageait quelque chose d'apaisant, même si ce n'était pas ce que Kira cherchait. Elle devait sans doute être inconsciente en agissant de cette manière, mais au diable les recommandations. Elle voulait goûter à l'interdit, au danger, frissonner d'excitation. Elle avait envie de s'amuser, lui aussi certainement. Ils s'étaient bien trouvé. C'est tout ce qu'il fallait retenir.

L'inconnu referma ses bras autour d’elle, faisant pression dans le creux de son dos pour rapprocher leurs corps. Elle fit glisser ses mains de son torse vers ses épaules puis à sa nuque. Les doigts derrière sa tête jouaient avec ses mèches de cheveux. Leurs bouches se faisaient pressantes l’une contre l’autre. Il pris possession de sa bouche, elle entrouvrit ses lèvres pour que leur baiser soit plus passionné. Elle mordillait ses lèvres. Son étreinte se resserra autour de la taille fine de la cadette. Mais, elle décida de s'écarter brusquement, s'amusant du grognement qui échappa au garçon en réaction. Avec un regard espiègle et un sourire en coin, elle lui prit la main et l’entraîna avec elle.

- Mon oncle et ma tante sont en voyage. Ils habitent une villa à côté d’ici, elle est vide. Viens, dit-elle en riant.

- Tu es complètement folle, répondit-il en la suivant, hilare.

- Oui, complètement !

Ils couraient main dans la main comme deux enfants. Kira était euphorique, portée par l'alcool ou l'adrénaline. Essoufflés, ils s’arrêtèrent devant une grande villa, les lumières étaient éteintes, il n’y avait pas de voiture dans l’allée ni aucun bruit à l’intérieur. Elle fouilla dans ses poches mais ne sortit pas une clé, mais de quoi crocheter une serrure, comme son oncle lui avait appris. C'était toujours bien utile. D'un doigté discret, elle ouvre la porte, entendant le clic magique qui annonça sa réussite. Avec un sourire malicieux, elle entra, le jeune homme lui tenant la porte ouverte avant de la suivre. Arrivée dans une cuisine, appuyant sur un interrupteur, elle lui proposa à boire, feignant d'être la bienvenue en cette maison.

- Ton oncle et ta tante savent que tu ramènes des garçons chez eux ?

- Ils s’en foutent et qui te dit que je ramène « des » garçons ? Pour le moment, je n’en vois qu’un, répondit-elle avec un sourire en coin, en lui tendant un verre d’eau.

Le jeune homme enleva sa veste et la déposa sur le dossier d’une chaise de la cuisine. Il s’appuya contre le plan de travail et recommença à la regarder. Elle le fixait alors. Elle ne lui avait pas demandé son prénom. De toute façon, il disparaîtrait de sa vie à l'aube. Elle s'approcha de lui et passa ses mains autour de son cou et l’embrassa furieusement. Après un léger moment de surprise, il répondit à son baiser. Il mit une main sur ses fesses pour la presser contre lui et l’autre derrière sa tête, faisant glisser ses cheveux entre ses doigts. Elle descendit ses mains le long de son dos dans un geste lent, arrivée en bas elle releva son t-shirt et quitté sa bouche pour le faire passer par-dessus la tête du garçon. Une lueur de désir pétilla dans son regard. Elle se pinça la lèvre inférieure. Les doigts de la jolie brune parcoururent son ventre puis ses pectoraux et enfin ses épaules et sa nuque. Se mettant sur la pointe des pieds elle colla, à nouveau, ses lèvres aux siennes. Elle se frotta contre ses reins, puis, il avança, la faisant reculer jusqu’à la plaquer contre le mur en face. Il écarta sa tête de quelques centimètres à peine, pour plonger ses yeux dans les siens. Il plaça ses mains contre le mur, de chaque côté de son visage, l’emprisonnant de ses bras. Il se pencha alors à son oreille pour murmurer :

- Tu veux ma mort ?

- Peut-être bien, répondit-elle avec un sourire enjôleur.

Il prit son visage entre ses mains et posa son front sur le sien. Il la sondait du regard mais il pouvait y voir des flammes de désir danser dans ses prunelles.

- Ne me regarde pas comme si j’étais une petite chose fragile, ou une folle. On ne fait rien de mal. Je sais ce que je veux.

Murmura la jeune femme avant de pivoter son visage caressant sa joue avec sa tempe pour approcher sa bouche de son oreille et dans un souffle elle ajouta :

- Ce que je veux, c’est toi.

Ce fut le déclencheur. Elle lécha son cou et le mordilla. Il agrippa ses fesses en la soulevant, la maintenant contre le mur, elle encercla sa taille de ses jambes.  Leurs langues se caressaient, s’entrechoquaient. Elle appuya fermement sa main sur sa nuque pour approfondir encore leur baiser. Il fit courir ses mains partout sur le corps de la jeune-fille, l’obligeant à s’accrocher fermement à lui. Au bout de quelques minutes, il délaissa sa bouche pour embrasser son cou et elle laissa échapper des râles de désir et d'envie. Devant se sentir à inégalité dans leurs tenues respectives, il la reposa à terre pour lui retirer son débardeur. Les petites mains de la jeunette se dirigèrent vers sa ceinture pour défaire la boucle, puis défaire chacun des boutons de sa braguette. Il fit de même avec son mini short en jean et lui retira, le faisant descendre le long de ses jambes. Elle reprenait possession de ses lèvres et ses mains dans son dos s'occupèrent de dégrafer son soutien-gorge pour libérer son buste. Elle sentit la langue de son partenaire caresser sa gorge et elle frémit ardemment à ce contact. Son sang pulsait dans ses veines au même rythme que les battements de son cœur. Elle vibrait littéralement de plaisir sous ses caresses. Et cette nuit, elle n'était pas prête de l'oublier quand elle quitta le garçon à l'aube, ne faisant pas de bruit pour éviter de le réveiller, jetant un dernier regard en sa direction avant de quitter la chambre et la villa. Dommage, pensa-t-elle, le garçon avait l'air sympathique mais cela ne servait à rien de s'attacher à un fantasme, une illusion.

Les filles avaient voulus que la jeune femme raconte sa soirée en compagnie de l'étalon aux cheveux d'ébène. Elle était restée silencieuse, voulant garder ce souvenir pour elle, quand elle rentrerait chez elle à San Diego et retrouverait sa famille. Sa deuxième année de droit commençait, et elle espérait pouvoir jouer un rôle plus actif dans les affaires de la famille Cody. Et peut être que sa tante et l'un de ses oncles pourraient la soutenir dans cette démarche, convaincre les plus férocement opposés...